LA PRESSE CANADIENNE/Nicole Osborne

Affaire Équipe Canada junior : un verdict attendu jeudi dans un procès qui a secoué le hockey canadien

C’est un moment charnière pour le hockey canadien. Jeudi 24 juillet 2025, la juge Maria Carroccia de la Cour supérieure de l’Ontario rendra son verdict dans l’affaire d’agression sexuelle présumée impliquant cinq anciens membres de l’équipe canadienne junior de 2018 : Michael McLeod, Alex Formenton, Carter Hart, Dillon Dubé et Cal Foote.

Une décision qui vient clore plus de sept années de controverse, d’enquêtes, de bouleversements institutionnels et de débats publics autour de la culture du hockey au pays.

 Retour sur une affaire à grand retentissement

L’affaire remonte à la nuit du 18 au 19 juin 2018, à London (Ontario), peu après un événement officiel de Hockey Canada. Une femme a affirmé avoir été agressée sexuellement par huit joueurs, dont certains membres de l’équipe championne du monde junior cette année-là. À l’époque, Hockey Canada a transmis le dossier à la police de London et mené sa propre enquête interne.

Cependant, l’affaire est restée largement confidentielle jusqu’en mai 2022, lorsque TSN a révélé l’existence d’un règlement financier entre la plaignante et Hockey Canada, déclenchant une vague de critiques et de réactions politiques.

Ce règlement hors cour a exposé au grand jour les pratiques de gestion de Hockey Canada, notamment l’utilisation d’un Fonds national d’équité financé par les inscriptions des joueurs mineurs pour régler des affaires d’abus sexuels. Ce scandale a mené à un gel du financement fédéral, la perte de nombreux commanditaires, et une série de démissions au sein de l’organisation, incluant son président-directeur général, Scott Smith.

 Un procès complexe et très suivi

Les cinq joueurs ont été officiellement accusés d’agression sexuelle en janvier 2024, après que la police de London ait ré-ouvert son enquête. Le procès s’est ouvert en avril 2025, mais a rapidement connu des difficultés procédurales : un vice de procédure a mené à l’annulation du premier procès après seulement quelques jours et le deuxième s’est finalement déroulé sans jury, en raison de tensions au sein de celui-ci.

Le témoignage de la plaignante, étalé sur neuf jours, a été au cœur du procès. La défense a soutenu qu’elle avait consenti à l’activité sexuelle, tandis que la poursuite a insisté sur l’absence de consentement et l’état de vulnérabilité de la plaignante au moment des faits.

Les plaidoiries se sont terminées en juin. Le sort judiciaire des cinq accusés repose désormais entre les mains de la juge Carroccia.

 Au-delà du verdict : une crise de confiance

Quelle que soit l’issue du procès, cette affaire a laissé des marques profondes dans l’univers du hockey canadien. Elle a exposé les failles systémiques de gouvernance chez Hockey Canada, soulevé des questions sur la culture de silence et d’impunité dans le sport masculin et entraîné une remise en question du modèle de gestion de l’organisation.

Depuis, Hockey Canada a entrepris plusieurs réformes, dont une refonte de sa gouvernance, des formations obligatoires sur le consentement et la violence sexuelle et la création d’un mécanisme indépendant de dépôt de plaintes. Malgré tout, pour plusieurs observateurs, le processus de reconstruction de la confiance demeure loin d’être achevé.

Verdict attendu le 24 juillet

Le jugement de la juge Carroccia sera rendu ce jeudi, à la suite d’un procès d’une grande complexité et d’une visibilité publique rarement vue pour une affaire criminelle liée au hockey. Ce moment pourrait marquer la fin judiciaire d’un long chapitre, mais certainement pas la fin des discussions sur les responsabilités collectives et les changements à poursuivre dans le sport canadien.

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