Mark Weightman (La Presse canadienne)

Alouettes: les priorités de Mark Weightman

Le 11 avril, soit mardi prochain, Mark Weightman cessera d’aider les Lions de Trois-Rivières à rugir pour aider les Alouettes de Montréal à voler le plus haut possible.

Confirmé comme président des Alouettes le 28 mars dernier, Mark Weightman a accordé une longue entrevue à La Poche Bleue alors qu’il conduisait de Trois-Rivières à Montréal. « Un chemin que je fais souvent ces temps-ci », dit-il en riant.

Weightman en sera à un deuxième séjour comme président des Als, lui dont le premier a pris fin il y a sept ans.  

Il avoue que tout a déboulé très vite dans sa vie au cours des dernières semaines. « Je ne m’attendais pas à ça il y a un mois et demi, note celui qui dirigeait les Lions depuis 2020. Les astres n’étaient pas alignés pour ça. Mais une fois que Pierre Karl Péladeau a été confirmé comme propriétaire, est-ce que j’ai été surpris qu’il me contacte pour sonder mon intérêt? Non, pas vraiment, car je sais que j’ai fait bonne impression et que les Lions ont fait bonne impression auprès de lui. Mais je croyais vraiment que Mario [Cecchini] allait demeurer en poste. »

Weightman dit vivre des émotions partagées depuis qu’il a accepté de retourner dans le nid. « Je suis super emballé de retourner avec les Alouettes dans une situation positive, avec les coudées franches, souligne celui qui a commencé comme stagiaire avec les Stallions de Baltimore, en 1995. Mais ça me fait de la peine de quitter les Lions, qui commencent à prendre leur envol. D’ici trois ou quatre ans, je m’attends à ce qu’ils soient aussi importants à Trois-Rivières que le Rocket ne l’est à Laval. Je leur souhaite vraiment un bon succès. »

Évidemment, si vous suivez le moindrement le hockey, les liens sont faciles à faire entre Mark Weightman et Pierre Karl Péladeau. Québecor est impliqué auprès des Lions depuis leur arrivée dans la ECHL, à l’automne 2021.

« C’est clair que j’ai travaillé beaucoup avec eux, précise le Québécois. De un, Vidéotron est un partenaire majeur des Lions, notamment via les droits d’appellation du Colisée. On a aussi travaillé beaucoup avec TVA Sports, qui diffuse 25 matchs des Lions par année. Donc, oui, j’ai côtoyé souvent Pierre Karl et Québecor au cours des dernières années et il s’est créée une proximité professionnelle entre nous. »

« Monsieur nouveau départ »

Mark Weightman n’a pas de surnom officiel, mais s’il en avait un, ce serait assurément « Monsieur nouveau départ ».

Après tout, il a joint le Rocket de Laval au deux-tiers de sa première saison, en février 2018, en remplacement de Vincent Lucier comme président (le titre était autre mais le mandat était celui-là), et il a aidé le Rocket à décoller et à s’implanter à Laval.

Puis, il a occupé la présidence des Lions de Trois-Rivières lors de ses deux premières saisons d’existence. « La deuxième saison d’une organisation est toujours un peu difficile, tient-il à souligner. Mais les Lions s’en vont dans la bonne direction. »

Et là, il revient avec les Alouettes, qui n’ont pas gagné la coupe Grey depuis 2010, se relèvent tranquillement pas vite d’une pandémie qui a fait mal à la LCF comme à peu d’autres circuits en Amérique du Nord, tentent d’oublier le plus rapidement possiblement le règne de Sid Spiegel et Gary Stern comme proprios et sont un cimetière à entraîneurs-chefs et à quarts-arrières!

Les partisans des Moineaux rêvent de stabilité et d’une équipe qui gagnera aussi souvent qu’à la belle époque des Anthony Calvillo, Ben Cahoon et Mike Pringle.

Sa priorité

Alors, y a-t-il une raison précise pourquoi on fait souvent appel à ses services lorsqu’il est question de lancer (ou relancer) une concession?

« C’est peut-être juste parce que je suis rendu vieux! Blague à part, ça fait quand même 28 ans que je suis associé au sport professionnel, mentionne le sympathique président. J’ai été choyé d’être à la bonne place au bon moment. Lancer une nouvelle franchise, c’est un projet de trois à cinq ans. Il faut établir une base de partisans, apprivoiser son marché et laisser du temps aux clients pour connaître leur club. Là, c’est différent. La clientèle connaît déjà les Alouettes et ce qu’ils représentent. Les gens en place ne l’ont pas eu facile dans les dernières années. Je tiens d’ailleurs à lever mon chapeau à Mario et à son équipe. Là, Pierre Karl Péladeau et moi y allons d’un engagement à long terme. On veut bâtir sur du solide. »

Et quelle est votre priorité, Monsieur le président? « Continuer, parce que Mario l’a bien commencé, à reconquérir les coeurs et la confiance de nos partisans de partout au Québec, pas juste de Montréal. Il n’y a pas si longtemps, on était l’équipe de tous les Québécois. On faisait des camps et des cliniques un peu partout au Québec et les gens aimaient les Alouettes. Je veux que nos fans apprennent à découvrir davantage nos joueurs, qu’ils tombent en amour avec eux et s’identifient à eux. Ils vont ensuite répandre la bonne nouvelle et vouloir venir les encourager au stade. Il faut se rappocher de notre public. »

On fait quoi avec le stade?

On a fait grand état, lors de la vente de l’équipe en 2019 et 2023, du fait que les Alouettes n’ont pas de propriété.

Ils jouent dans un stade qui appartient à l’Université McGill et s’entraînent aux abords du Stade olympique. Bref, ils sont sans domicile fixe et « ne sont que des casques et des chandails », pour employer une expression que l’on a beaucoup entendue récemment.

Maintenant, la question qui tue: les Alouettes joueront-ils encore au Stade Percival-Molson dans cinq ans? 

« C’est une très bonne question. Ça fait partie des choses que l’on doit regarder et qui tombe dans la colonne des projets à long terme. Un nouveau stade, ça ne se fait pas en criant ciseau! Est-ce qu’on pourrait améliorer le stade Molson? Absolument, car il y a des choses que le Stade Molson a et qui ne s’achètent pas: un emplacement au centre-ville, sur les flancs du Mont-Royal. C’est tellement un beau site, l’un des plus beaux au Canada pour assister à un événement sportif extérieur! Il y a des rumeurs de projets de rénovation du Stade olympique. On va regarder ça aussi… »

Et est-ce que bâtir un nouveau stade conjointement avec le CF Montréal, qui évolue dans la Major League Soccer, pourrait être une possibilité?

Après tout, les Argonauts et le Toronto FC partagent le même domicile, tout comme les Lions de la Colombie-Britannique et les Whitecaps de Vancouver.

« Sur papier, ça fait du sens, car on pourrait y présenter près de 30 matchs au lieu de seulement 11 pour nous présentement, répond Weightman avec honnêteté. Je compte là-dessus notre match préparatoire, nos neuf de saison et un en éliminatoires, en plus des 17 du CF Montréal. En surface, ça peut sembler une solution évidente, mais il y a plein de choses à considérer et à analyser… »

On comprend, à sa réponse, qu’il a bien d’autres chats à fouetter à l’amorce de sa présidence avant de penser à un nouveau stade ou à un stade rénové pour les Alouettes.

La pile sur son bureau est haute. Mais son expérience acquise chez le Rocket, les Lions et les Alouettes, à son premier séjour comme grand chef administratif, devrait l’aider à la faire baisser rapidement… et efficacement.

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