Mark Weightman a été confirmé comme président des Alouettes de Montréal, mardi. Plusieurs noms ont sorti comme candidats potentiels, dont celui d’Éric Lapointe.
Quand Pierre Karl Péladeau a effectué son point de presse confirmant qu’il devenait le nouveau propriétaire des Alouettes, il a précisé qu’il cherchait « un président ou une présidente qui connaissait le monde du football et des affaires ».
Éric Lapointe cochait les deux cases. Tout comme, notamment, Annie Larouche, l’ancienne directrice des meneuses de claques des Als, présentement vice-présidente des opérations de l’Alliance de Montréal, dans la Ligue élite canadienne de basket-ball.
Ce n’est finalement ni Lapointe ni Larouche qui ont obtenu le mandat, mais bien Mark Weightman, pour qui il s’agira d’un deuxième séjour comme président des Alouettes.
Mark Weightman, « un bon opérateur »
Lapointe, lui, confirme que Monsieur Péladeau ne l’a jamais approché pour le poste. Ok. Mais est-ce que ça aurait pu l’intéresser?
« Bonne question… et je crois que ça va demeurer une question sans réponse, réplique Lapointe avec honnêteté. Je n’ai jamais vraiment réfléchi à ça. Je savais depuis déjà un bon moment que Monsieur Péladeau était intéressé par l’acquisition de l’équipe. J’ai l’impression qu’avec lui, les Alouettes vont sortir d’une époque de grande noirceur. Il devait bouger vite pour trouver un président, avec la saison qui arrive et en pleine vente de billets de saison et de loges.
« Je connais Mark depuis 2000. Je l’ai côtoyé chez les Alouettes et en affaires aussi, précise celui qui a joué pour les Moineaux de 2001 à 2006. De le voir revenir au bercail dans un environnement beaucoup plus sain que lors de sa première présidence, où c’était la fin de Bob Wettenhall [comme propriétaire]… c’était des années un peu crazy! Là, il revient avec la grosse machine de Monsieur Péladeau derrière, je suis content de voir ça. Mark est clairement un bon opérateur. »
Ok, pas de présidence. Et si Mark Weightman l’appelait pour lui offrir un autre rôle au sein des Alouettes? « Si Mark a besoin de moi, pour de l’aide quelconque, ça va me faire un grand plaisir. Mais de là à dire que je pourrais avoir un rôle officiel au sein de l’organisation, je ne suis pas certain. Il faudrait que j’y réfléchisse. Mais disons que ce n’est pas dans mes plans présentement… »

Pas intéressé à acheter cette fois
En 2019, Éric Lapointe avait ouvertement manifesté son désir d’acheter les Alouettes, en compagnie d’autres actionnaires.
L’équipe avait finalement été vendue à Sid Spiegel et Gary Stern, deux hommes d’affaires ontariens dont le règne comme propriétaires ne passera pas à l’histoire, si ce n’est du fait qu’il s’est majoritairement déroulé durant la pandémie. Pas évident.
Lapointe salue cette fois-ci l’achat des Alouettes par le milliardaire québécois, Pierre Karl Péladeau, et précise qu’il ne faisait pas partie des groupes intéressés par l’équipe.
« Non, pas cette fois-ci. En 2019, je sentais que l’équipe avait besoin de sang neuf. C’était la fin d’un cycle qui avait été un peu désastreux, si on veut. Je ne suis pas sûr qu’à cette époque, la ligue était prête à avoir des propriétaires francophones à Montréal. Ça a tourné en rond, ça devait aller entre les mains des frères Lenkov et, finalement, l’équipe a été vendue à messieurs Spiegel et Stern. On pourrait écrire un livre sur le vente de 2019… et je n’aurais pas vraiment le goût de le lire », blague Lapointe, qui est pratiquement en sabbatique depuis qu’il a vendu ses entreprises, en février 2022.
Pratiquement en sabbatique
« Sabbatique », un mot avec lequel il n’est pas vraiment à l’aise, lui qui n’a « jamais compté les heures depuis [son] arrivée dans le monde des affaires, il y a 23 ans. »
« J’ai décidé de vendre mes entreprises l’an dernier et de prendre un moment pour me rapprocher de la famille, souligne l’ancien numéro 5. J’ai des jumelles de 14 ans [Mia et Victoria] à la maison. Elles jouent au tennis et je me suis lancé là-dedans avec elles. Ma femme [Nellie] aussi. J’ai l’impression de pouvoir faire ce que je veux quand je veux. C’est un bon moment dans ma vie.
« J’ai la chance de regarder [les offres] et de prendre mon temps, poursuit-il. Go with the flow, comme disent les anglais. Mon plan de match est de ne pas avoir de plan de match! Et ça, c’est une première dans ma vie. »
On l’écoute parler et on sent que les dernières années n’ont pas été faciles pour Lapointe, qui a dû, comme tout bon homme d’affaires, s’ajuster et se réajuster en raison de toutes les contraintes liées à la pandémie. Ça use son homme.
« On détenait différentes divisions: comptable, fiscalité, notaire et gestion d’actifs. J’étais à la tête de toutes ces divisions-là et il a fallu que je les vende en même temps puisqu’elles étaient toutes liées, explique-t-il. La collaboration de tous travailler ensemble, ce n’était pas vraiment facile à maintenir durant la pandémie, notamment en raison du télé-travail. Et jongler avec toutes les divisions de la finance, ce n’est pas toujours facile. C’était le temps de passer le flambeau. »
« Beaucoup de choses vont bouger »
Là, à 48 ans, il passe du bon temps en famille. Mais il dit avoir plusieurs projets en tête, il attend juste le bon timing et la bonne opportunité.
« Économiquement, j’ai vraiment le feeling que beaucoup de choses vont bouger dans les prochaines années. Je ne presse donc pas les choses. Ce que je vois à l’horizon, c’est un monde de possibilités. »
La possibilité de devenir président des Alouettes ne faisait vraisemblablement pas partie des options pour Lapointe. Mais on le sent vraiment serein dans tout ça.
Comme quand il était porteur de ballon dans la LCF, il attend patiemment une brèche devant lui pour se faufiler et scorer.