Quand je pense à ce qui fait la différence entre une équipe qui fait les séries et une qui les regarde de chez elle, je reviens constamment à une chose : les détails. Ces petits gestes qui, cumulés, finissent par créer une culture de victoire.
Pour moi, tout commence sans la rondelle. Avoir le bon positionnement, couper les lignes de passes adverses, gêner juste assez un rival pour donner une fraction de seconde supplémentaire à un coéquipier, c’est ça les détails. Il n’y a pas toujours de jeu parfait, mais il y a toujours un bon jeu à faire : une passe sur la bande, un dégagement simple, un flip en dehors de la zone. On appelle ça le « puck management« . Chaque action doit créer les meilleures chances pour ton club de récupérer la rondelle.
Un bon joueur, c’est celui qui comprend son rôle et l’exécute à la perfection, même si ce rôle change d’un soir à l’autre. Pour moi, chaque trio devrait avoir un fatigant, un gars qui ne donne aucun break à l’adversaire. Les meilleures équipes n’offrent jamais de moment de répit. Et c’est souvent ce qui fait la différence entre une formation qui survole la saison régulière et une qui est prête pour la guerre des séries.
Les détails, c’est aussi savoir quand changer. Après 25-30 secondes de pression en zone offensive, un joueur avisé va prendre l’initiative de laisser sa place à un coéquipier frais et dispos. C’est mettre le succès du groupe avant ses statistiques personnelles. C’est ce qu’on appelle un joueur “unselfish”.
Prenons un exemple simple pour illustrer ces détails : un rush à trois contre deux. Le joueur au centre effectue un « kick-out » à la ligne bleue offensive, puis fonce directement au filet pour forcer les défenseurs à reculer et nuire à la vision du gardien. En même temps, il utilise son bâton pour déplacer ceux de ses adversaires et ouvre ainsi des lignes de passe pour ses ailiers. Ce genre de jeu, ce n’est pas dans les faits saillants, mais c’est ce qui permet à plusieurs buts d’être marqués.
La communication est un autre aspect crucial. Elle évite la duplication, assure que tout le monde est sur la même page et, surtout, protège tes coéquipiers. Que ce soit pour signaler une pression adverse ou annoncer qu’on est libre pour recevoir une passe, les paroles sur la glace font toute la différence.
Quand je parle avec des recruteurs, ils regardent quatre choses : l’attitude, le patinage, le QI hockey et, en dernier, le talent. L’attitude, c’est ton langage corporel, ta capacité à garder ton sang-froid, comme Aleksander Barkov ou Patrice Bergeron. Ensuite vient le patinage, car, si tu as la bonne mentalité, ils savent qu’ils peuvent travailler ton coup de patin. Le QI hockey, c’est ta prise d’infos, ton assurance, cet équilibre entre audace et discipline. Et le talent? Il est souvent relégué au dernier plan après les premiers choix de la première ronde.
Cela dit, en observant les Canadiens de Montréal cette saison et en analysant leurs performances selon les quatre critères mentionnés plus haut, on constate que l’attitude est au premier plan. Il y a des lacunes à certains niveaux, mais, en ce qui concerne l’attitude, elle est bien présente. Mardi, lors de l’affrontement contre Ottawa, lorsque les Sénateurs ont pris les devants après avoir trompé la vigilance de Samuel Montembeault avec un tir qu’il aimerait revoir, l’équipe aurait pu s’effondrer. Mais non. Lane Hutson, Josh Anderson, Nick Suzuki, Brendan Gallagher… ils se sont levés et ont prouvé qu’ils avaient du cœur au ventre. Cette mentalité est le résultat de détails bien exécutés. Et c’est ce qui les gardera dans la course jusqu’à la fin.