Montage La Poche Bleue

Partie 1 – « J’aurais aimé que ça se termine autrement »

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Pour la première fois depuis qu’il a été nommé entraîneur du Crew de Columbus, le 6 décembre dernier, Wilfried Nancy a accepté de parler à un média montréalais: La Poche Bleue.

Jeudi, 14h45. L’entrevue commence. Vêtu d’un survêtement noir aux lignes blanches Adidas, on jurerait que Nancy porte encore les couleurs du CF Montréal.

Mais non, sur son coeur, le C jaune du Crew y est brodé. Et non le flocon. Pardon, le nouveau logo bleu du CFMTL.

Nancy sourit à belles dents. Il ne fait pas l’entrevue à contre-coeur. « Y’a pas de soucis, ça me fait plaisir », lance le coach de 45 ans.

Deux mois fous

Deux mois ont passé depuis l’annonce officielle de son départ de Montréal. Tout a déboulé vite depuis.

Il a dû se trouver un logement à Columbus. Il y a déménagé seul. Son épouse et leurs deux enfants (11 et 5 ans) iront le rejoindre en juin, après l’année scolaire (on y reviendra dans un autre texte).

Entre-temps, il a également dû construire son personnel d’entraîneurs et préparer son camp d’entraînement. Bref, les nuits ont été courtes, surtout depuis Noël.

Deux mois plus tard, Nancy est-il serein par rapport à son départ de Montréal?

« Oui, totalement. Tu sais, dans mon métier, on doit avancer vite, mentionne celui qui a dirigé le CFM deux saisons. L’avantage que j’ai, c’est que tous les jours, c’est une nouvelle journée pour apprendre ou enseigner quelque chose. Je suis super content de comment ça s’est passé dans les dernières années à Montréal, de tout ce que j’y ai vécu. Après, je ne suis pas quelqu’un de nostalgique. À partir du moment que, pour diverses raisons, je décide d’aller dans une autre direction, que ce soit dans ma vie privée ou professionnelle, je n’ai pas de regrets. Ça a été décidé comme ça, c’était la meilleure décision pour le moment et j’avance. Je suis vraiment content de découvrir quelque chose de nouveau à Columbus. »

« Je pars la tête haute »

S’il n’a pas de regrets concernant sa décision, en a-t-il sur le terrain? Quitte-t-il avec le sentiment du devoir accompli, même si le CF Montréal s’est incliné dès le deuxième tour éliminatoire contre le New York City FC, après avoir terminé au deuxième rang de l’Association Est?

« J’ai donné mon maximum et l’équipe a donné son maximum, répond-il sans hésiter. Je suis très fier de ce que l’on a fait au niveau du club. Tu le sais, je l’ai toujours dit, je suis quelqu’un d’ambitieux, mais avec de l’humilité. Je pars de Montréal la tête haute. J’ai fait tout ce que je pouvais faire là-bas. J’ai eu beaucoup de plaisir, j’ai grandi comme personne, j’ai acquis plein d’expérience, je repars encore plus sage et meilleur. Du coup, je me sens bien. Je suis excité par le nouveau challenge. La seule difficulté, c’est que je dois repartir à zéro, alors qu’à Montréal, on avait déjà mis des choses en place. Je suis très serein, content et épanoui ici. La seule chose qui me manque, c’est ma famille. »

Sur Saputo, Gervais et Renard

Le président du CF Montréal, Gabriel Gervais, et le directeur sportif, Olivier Renard, ont été assez directs dans leurs commentaires au sujet du départ de Nancy. C’est clair qu’ils voulaient retenir ses services, mais que, selon eux, Nancy se voyait ailleurs, et ce, avant même que la saison 2022 ne se termine.

On a également beaucoup parlé dans les médias de sa prise de bec avec le propriétaire Joey Saputo, au terme de la décevante défaite du 9 juillet, contre Kansas City. Des mots très durs auraient été échangés. Certains croient que c’est à partir de ce moment que Nancy a commencé à se voir sous d’autres cieux.

Nancy a-t-il été surpris, blessé ou déçu des commentaires de ses anciens patrons? « Je contrôle ce que je peux contrôler, dit-il. Pour être honnête avec toi, oui, j’aurais aimé que ça se termine d’une autre façon. Mais bon, c’est comme ça. L’être humain est comme ça: il essaie toujours de rechercher son bonheur. Alors, j’avance. Je ne suis pas quelqu’un qui regarde en arrière. On se construit avec le passé… je me suis construis avec Montréal et maintenant, je suis à Columbus. Mais c’est sûr que j’aurais aimé que ça se termine autrement. »

« Je ne suis que Wilfried Nancy »

Nancy avoue qu’il a été profondément touché par la vague d’amour des partisans, inquiets de le voir partir, avant que ça se confirme, et déçus ensuite de le voir quitter.

« Je suis reconnaissant de tout ça. Les gens ont toujours été exceptionnels avec moi. Tu sais, il y a quelqu’un qui m’a déjà dit: ‘Essaie d’être une bonne personne dans la vie, car il n’y a pas beaucoup de compétition dans ça.’ Donc, voilà… toute la reconnaissance des personnes avec qui j’ai travaillées ou que j’ai croisées dans la rue ou dans les avions, qui ont toujours eu de bons mots à mon endroit, c’est la plus grande des reconnaissances. Elles ne disent pas ça parce qu’on a gagné, c’est plutôt parce qu’on a vécu quelque chose de spécial ensemble. Je l’avais dit au début: ‘Je ne suis que Wilfried Nancy’. Les gens se rappellent maintenant de moi. Je suis très fier et reconnaissant de ça. »

Les partisans du CF Montréal devront cependant attendre longtemps avant de huer ou d’applaudir Nancy. Le Crew effectuera sa visite à Montréal seulement le 2 septembre prochain. Le CFM visitera ensuite Columbus, le 21 octobre, à l’occasion du dernier jour du calendrier (Decision day).

Imaginez si ce match a un impact direct sur le sort de l’un des deux clubs ou, mieux encore, des deux! Quel scénario ce serait! Mais bon, on n’en est pas là.

À LIRE VENDREDI MATIN: LA PARTIE 2 DE L’ENTREVUE AVEC WILFRIED NANCY

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Wilfried Nancy tenait également à dire un mot directement aux partisans:

« Merci pour leur bienveillance. Merci pour la façon qu’ils se sont toujours comportés avec moi, que ce soit au gaz, à l’épicerie ou dans un avion. Ça m’a énormément marqué et ça m’a fait grandir parce que, encore une fois, avec beaucoup d’humilité, quand j’ai commencé à Montréal, personne ne me connaissait. J’ai réussi à leur raconter mon histoire par rapport au football. Ils ont compris quel genre d’entraîneur je suis, mais surtout, quel genre de personne je suis. J’ai toujours eu beaucoup de reconnaissance par rapport à ça. Et que ce soit positif ou négatif, j’ai toujours pris beaucoup de plaisir à donner ces émotions-là aux fans. Montréal restera toujours Montréal. Ma femme est de Montréal, mes enfants aussi, et moi je me considère Montréalais. J’ai encore ma maison là-bas. Je sais qu’ils vont me titiller un peu [à mon retour à Montréal, le 2 septembre], mais ça fait partie du jeu. Merci beaucoup, tout simplement. Et à bientôt. »

Et, aussi, aux médias qui couvrent les activités du CF Montréal:

« J’ai aimé la relation avec les médias. Sincèrement. Au début, c’est normal, vous ne me connaissiez pas. On allait dans tous les sens. Mais après, petit à petit, vous vous êtes ajustés et moi aussi. J’ai toujours compris c’était quoi votre métier et il y a toujours eu du respect. On n’a pas toujours été d’accord, bien entendu, et ça fait partie du métier. Mais ça m’a permis de voir que quand on essaie de comprendre les gens et qu’on est honnête, il peut y avoir une communication saine. Du coup, ça a été un bon exercice. Merci à vous. »

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