(crédit photo: Tom Szczerbowski)

Comme perdre un frère

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Je me suis battu trois fois contre Chris Simon.

Trois fois, je l’ai affronté pour me faire un nom dans la LNH ou tout simplement pour garder ma job. Je savais que je pouvais lui faire mal et il pouvait faire la même chose. C’est ça la réalité d’être un homme fort au hockey.

Pourtant, son décès est beaucoup plus douloureux que tous les coups de poing qu’on a pu s’échanger.

À chaque fois qu’un ancien bagarreur décède, peu importe la façon, ça me fait mal. C’est vraiment difficile à expliquer, mais c’est comme si tu perds un membre de ta famille, peu importe le gars…

Vous savez, le monde du hockey est très petit. Je peux vous dire que la confrérie des anciens toughs est encore plus petite et encore plus tissée serrée.

Être un ancien bagarreur, c’est loin d’être évident.

On se retrouve à l’occasion dans des événements comme des tournois de golf et on demande des nouvelles d’un tel et souvent la réponse est quelque chose du genre : « Yeah… he’s not doing very well ». Je vous confirme que j’y pense souvent.

Il y a les coups à la tête qui peuvent mener à l’encéphalopathie traumatique chronique (le fameux ETC) avec tous les problèmes que ça occasionne et qui sont maintenant connus.

Mais il y a d’autres gros problèmes : le rush d’adrénaline qui te manque terriblement et la misère. Pendant notre carrière, le monde nous adore. Nos coéquipiers nous respectent et ils sont reconnaissants du travail qu’on fait pour l’équipe et les partisans nous acclament.

Un des plus beaux souvenirs de ma vie c’est quand la foule à Tampa chantait « WE WANT ROY!! !». La foule me réclamait… c’était délirant à entendre et je vais m’en souvenir toute ma vie.

Mais la réalité est la suivante : autant les gens nous aiment et qu’on fait notre grosse part pour remplir les arénas, on ne ramasse pas notre part du gâteau côté $$$.

Je sais qu’il y a les vedettes qui remplissent le filet et que c’est vraiment beau à voir, mais croyez-moi, les toughs étaient autant sinon plus admirés.

Quand notre carrière se termine, ça nous rattrape.

Je suis un des privilégiés de ce côté, notamment parce que j’ai un travail dans le monde des médias qui me permet d’avoir une bonne deuxième carrière et de bien gagner ma vie. Mais il y en a qui sont sans le sou, parfois sans-abri et qui doivent même vendre leurs bagues de la coupe Stanley. C’est triste en sacrament!

Mais que voulez-vous, c’est la loi du marché, j’imagine…

Hommage à Chris Simon

Chris Simon a été un des meilleurs bagarreurs de l’histoire et détail important, il savait jouer au hockey.

On se souvient tous de sa chevelure légendaire et je peux vous dire que je me souviens qu’il frappait « pesant » en tabarouette! Tout le monde avait peur de lui, dont moi.

C’était un gaucher qui ne craignait personne et je vous confirme que c’était dangereux se battre contre lui. J’ai eu la « chance » de l’affronter une fois quand j’étais avec les Sénateurs et deux fois avec le Lightning, dont un combat en finale de la coupe Stanley en 2004. Un combat que je vais me rappeler toute ma vie tellement la foule était en délire.

Chris avait aussi eu des opérations aux épaules qui l’avaient ralenti et qui l’empêchaient d’être le Chris Simon des beaux jours lors des combats, mais il continuait quand même à le faire pour garder sa job, pour ses coéquipiers, pour les partisans, pour la ligue…

Tout ça pour finalement mourir trop jeune, malheureusement comme bien d’autres.

RIP MON CHER CHRIS

Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-André Perreault

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