Beau moment hier, lors de l’interminable séance de tirs de barrage contre les Penguins, alors que Josh Anderson a reçu une belle ovation avant de s’élancer en échappée.
Anderson a été le 12e joueur mandaté par Martin St-Louis. Son tir des poignets a été facilement bloqué par Alex Nedeljkovic et, tout de suite après, Jansen Harkins a déjoué Samuel Montembeault pour donner la victoire aux Penguins.
St-Louis espérait qu’Anderson marque pour non seulement procurer les deux points au Canadien, mais aussi pour lui donner un brin de confiance.
Une confiance qui est à son plus bas après qu’il ait marqué seulement un but à ses 29 premiers matchs de la saison.
St-Louis y est allé d’une drôle d’analogie pour décrire la situation d’Anderson, qui n’a pas marqué en quatre matchs depuis son but dans un filet désert, le 4 décembre, contre Seattle.
« La meilleure façon de le décrire… quand tu te bats offensivement et que ta confiance est basse, c’est comme si tu regardais le jeu à travers un rouleau de papier de toilette, image le pilote. C’est comme ça [il fait un petit rond avec sa main]. Et quand tu es confiant, c’est comme si tu avais des yeux derrière la tête. Alors, c’est d’y aller petit à petit. Ça n’arrive pas comme ça [il claque des doigts]. Et grimper les échelons, ça n’arrive pas juste dans les matchs. Tu dois travailler là-dessus dans les pratiques. Quand tu sais que tu es capable de marquer des buts, de regarder le match à travers ça [un rouleau de papier de toilette], ça peut être un peu suffocant. Ça peut devenir lourd. Je crois que c’est important, comme coéquipiers, d’avoir de l’empathie et comme entraîneur, de l’aider. Ça peut être difficile [pour Josh]. Mais ce n’est pas parce qu’ils ne marquent pas, que Josh et d’autres ne contribuent pas. Le jeu, ce n’est pas juste marquer. Alors, si tu ne marques pas, tu dois contribuer autrement, comme défensivement. Et pour Josh, c’est d’amener sa présence physique. »
Pas question de le laisser de côté
La saison dernière, en 69 matchs, Anderson a enfilé 21 buts sur 164 tirs, pour une efficacité de 12,8%.
Il décochait alors 2,38 tirs par match, une moyenne légèrement supérieure à celle de cette saison, qui est de 2,17. Anderson n’obtient donc pas moins de chances, c’est seulement qu’il a moins le compas dans l’oeil (1,6% d’efficacité!).
Le temps est-il venu de l’envoyer dans les estrades, question qu’il appuie sur le bouton reset?
« Non. Je te dirais que le moment que ça arriverait, c’est si le joueur abandonne sur lui-même. En anglais, je dis: if you give up on yourself, then I’ll give up on you », mentionne St-Louis.
Le collègue Martin McGuire lui a alors demandé ce qui l’incitait à penser qu’Anderson n’avait pas abandonné? « C’est l’attitude, c’est l’éthique de travail, c’est l’engagement… il est là, Josh. La minute que tu vois ce comportement-là [défaitiste], c’est qu’il abandonne. Quand t’abandonnes sur toi-même, c’est peut-être la journée que je vais te laisser de côté et abandonner sur toi. »
Ok, peut-être pas le laisser de côté, mais pourquoi ne pas l’enlever de l’avantage numérique? « Il était sur le premier avantage, là il joue sur le deuxième. Il joue beaucoup moins de minutes. On a beaucoup de blessés. Il y a des gars qui tuent des punitions et d’autres qui sont sur le power play. J’essaie de séparer le temps de glace. Josh a eu une démotion là-dessus [le jeu de puissance] », précise St-Louis, qui était d’ailleurs bien content que son vétéran attaquant reçoive une belle ovation avant son tir de barrage, hier.
« Je ne pense pas que j’ai déjà vu ça, avoue-t-il. Montréal, c’est une place extraordinaire à jouer et je sais que c’est encore plus extraordinaire quand toutes les choses vont bien. Voir le support qu’on a, comme équipe mais aussi pour les individus, ça me fait chaud au coeur. »
Voyons voir si cette vague d’amour aidera prochainement Anderson à surfer sur une vague de buts. Ou, du moins, à en obtenir un qui n’est pas dans un filet désert.