Sidney Crosby et Pascal Dupuis (Gary A. Vasquez-USA TODAY Sports)

Pascal Dupuis: les secrets de son succès avec Sidney Crosby

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Depuis l’arrivée de Sidney Crosby dans la LNH, en 2005, les Penguins de Pittsburgh ont transigé à maintes reprises afin de lui trouver des ailiers de qualité.

« Ce n’est pas facile, jouer avec Crosby », a-t-on entendu souvent. Mythe ou réalité?

Pour répondre à la question, La Poche Bleue s’est entretenue avec Pascal Dupuis, qui a partagé le même vestiaire que Crosby et joué principalement avec lui lors de son séjour à Pittsburgh, de 2008 à 2016.

Avec lui, Dupuis a réalisé un record personnel de 59 points (dont 25 buts), en 2011-2012, en plus d’en récolter 38 (20-18) en seulement 48 rencontres lors de la saison 2012-2013 écourtée en raison d’un lock-out.

À Pittsburgh, Dupuis est devenu un marqueur de 20 buts et a formé, pendant plusieurs années, l’un des meilleurs trios de la LNH avec Crosby et Chris Kunitz.

« Moi, j’ai pas trouvé ça si dur que ça, je vais te le dire », dit-il en riant, lorsqu’on lui demande pourquoi certains disent que c’est difficile jouer avec Sid the Kid.

Après avoir disputé 334 matchs avec le Wild, seulement 6 avec les Rangers et 79 avec les Thrashers, Dupuis a été acquis par les Penguins le 26 février 2008, avec Marian Hossa, en retour d’un choix de premier tour en 2008 (Daulta Leveille), Erik Christensen, Colby Armstrong et Angelo Esposito.

Champion de la coupe Stanley en 2009, Dupuis nous explique aujourd’hui pourquoi il a connu tant de succès avec Crosby, en route vers 247 points (109-138) en 452 rencontres avec les Penguins.

Quelle a été ta réaction quand tu as su que les Thrashers t’échangeaient à Pittsburgh?

« J’ai été un petit peu surpris, j’étais en négociations de contrat avec Atlanta. D’être impliqué dans un aussi gros échange, parce que Marian Hossa était à ce moment le joueur le plus convoité sur le marché… je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Avant mon premier match avec les Penguins, je regarde les lignes sur le tableau dans le vestiaire et je suis à la gauche de Crosby et Hossa. Je te dirais que l’échange est rapidement devenu positif!

« Sidney s’est blessé deux ou trois matchs après mon arrivée, alors j’ai joué avec Jordan Staal et Hossa. Mais je suis retourné avec Crosby à son retour. Sans rien enlever à Brad Larsen et Bobby Holik, qui étaient mes compagnons de trio à Atlanta, j’ai comme gagné le gros lot en jouant avec Crosby et Hossa. »

Ça a été quoi ta réaction quand tu as vu ton nom avec Crosby et Hossa?

« D’un côté, c’est un cadeau, mais de l’autre, il y a de la pression qui vient avec ça. Crosby et Hossa sont habitués de ramasser des points, de bien faire, de faire gagner leur équipe. Et toi, tu es à côté d’eux. Si les deux ne produisent pas, ils vont peut-être te regarder croche! Donc, il y a une certaine pression à jouer avec des gars élites comme ça. »

Michel Therrien était l’entraîneur-chef des Penguins à ce moment. C’est donc lui qui a choisi de te placer avec Crosby et Hossa. À quel point tu lui dois beaucoup?

« Je dois extrêmement beaucoup à Michel Therrien. C’est un peu grâce à lui que je me suis retrouvé à Pittsburgh, il avait parlé pour moi avant l’échange. Donc, oui, c’est un entraîneur qui a eu une grosse influence sur ma deuxième moitié de carrière. Dès le départ, il m’a placé avec Crosby. Je n’ai que de bonnes choses à dire sur Michel Therrien. »

Therrien t’a-t-il déjà expliqué pourquoi il avait eu le réflexe de te placer avec Crosby?

« Non, jamais ce n’est venu sur le sujet. Je ne lui en ai jamais parlé, mais je lui en ai toujours été reconnaissant. Je pense qu’on n’avait pas besoin de s’en parler… mais là, je pense que je vais lui demander la prochaine fois que je le vois [rires]. »

Pascal Dupuis, Sidney Crosby et Chris Kuniotz (Charles LeClaire-USA TODAY Sports)

À ton arrivée à Pittsburgh, est-ce que Crosby t’a demandé quelque chose en particulier?

« Il m’a juste dit de jouer ma game. Et il a dit la même chose à Chris Kunitz quand il est arrivé sur notre trio [une fois Hossa parti à Detroit]. Ça va peut-être sonner bizarre, mais il me disait des fois: ‘Moi je vais m’ajuster à toi, de toute façon, tu n’es pas capable de t’ajuster à moi’. Il disait ça à la blague, mais c’était vrai! »

Pourquoi est-ce si difficile de s’ajuster à Crosby? Pourquoi est-ce que pour toi, ça a fonctionné?

« Autant Chris que moi, on a compris qu’il ne fallait pas changer notre façon de jouer, pour jouer plus fancy. Il y avait des raisons pourquoi Sid voulait jouer avec nous et pourquoi l’organisation nous avait placés avec lui. On faisait preuve d’une certaine ténacité, rigueur et intensité qui faisaient qu’il s’attendait à quelque chose de nous à chaque match et on essayait de lui donner. Sid était capable de lire notre jeu. Nous, on voulait gagner des rondelles et créer des revirements. Le but dans tout ça, c’était que Sidney ait la rondelle sur sa palette le plus souvent possible! Et que nous, on crée du trouble alentour de lui et qu’on aille au filet. »

Sidney te donnait-il des consignes spéciales en zone offensive?

« On regardait beaucoup de vidéos les trois ensemble. Évidemment, ce n’est pas Chris et moi qui disaient: ‘Tu devrais aller là ou faire ça.’ C’était plus Sid qui disait: ‘Vous en pensez quoi les gars si on fait ça?’ Il y a un certain respect qui s’est installé entre Sid et moi. Sur la route, c’était mon co-chambreur. Alors, on avait une proximité et il savait que je donnais toujours mon 100%. Et mon 100%, ça a l’air que c’était assez pour lui! [rires] Il savait que tout ce que je pouvais donner, je le donnais. Même chose pour Chris Kunitz. Il n’y avait pas de zone grise entre nous. »

Visiblement, vous vous complétiez, mais y avait-il des points sur lesquels tu étais meilleur que lui?

« Je ne pense pas que j’étais meilleur que lui dans quelque chose [rires]. Dans n’importe quoi que Sidney Crosby décide d’être bon, il va l’être. Si, demain matin, il décide de devenir le meilleur aux mises en jeu, il va travailler là-dessus pendant des mois. S’il veut améliorer son lancer, son one-timer, aussi. S’il juge que quelque chose n’est pas à la perfection dans son jeu, il va travailler dessus. Il n’y a rien où j’étais meilleur que lui, bien honnêtement. Ça, c’est sûr et certain. »

Tu regardes The Last Dance et certains coéquipiers disent à quel point Michael Jordan pouvait être un coéquipier exigeant, dur et même parfois méchant, tellement il voulait gagner. Est-ce que Crosby est lui aussi un coéquipier tough?

« Loin de là. C’est plus la façon dont il a toujours la switch à on qui est impressionnant. Il veut toujours devenir une meilleure version de lui-même. C’est ça, son leadership, et il tire le monde avec lui. Kristopher Letang est comme ça, Evgeni Malkin aussi. Il y a des raisons pourquoi des organisations gagnent à répétition: c’est la qualité de leur leadership. Quand ton capitaine est ton joueur qui travaille le plus fort, ça laisse une grosse empreinte sur ton organisation. Et c’est vraiment ça avec Sid. »

Est-il bien vocal dans le vestiaire?

« Pas tant. Quand c’est le temps de l’être, il est capable. Mais tu sais, si tu as quelqu’un de trop vocal, un groupe peut vouloir le mettre un peu sur mute! Trop, c’est comme pas assez… Sid, quand il prend la parole, tu écoutes. »

Quelle est la plus grosse différence entre le Pascal Dupuis qui est arrivé à Pittsburgh, en 2008, et celui qui a pris sa retraite, en 2016?

« Je suis devenu un gars qui laissait tout sur la glace à chaque présence. Je ne pense pas tant être devenu un joueur différent, mais je suis devenu meilleur, c’est sûr, à jouer avec le meilleur au monde. J’en suis convaincu. Juste le côtoyer, le voir se préparer, comment il pense la game… tu apprends. Je dis ça de Sidney, mais c’est la même chose avec Malkin et Letang, deux autres grands joueurs dans l’histoire des Penguins. Tu côtoies ces gars-là et tu deviens un meilleur joueur. »

Pascal Dupuis a complété sa carrière dans la LNH avec 409 points (190-219) en 871 matchs. Pas mal pour un gars jamais repêché! Aujourd’hui âgé de 44 ans, il est maintenant entraîneur adjoint avec les Cataractes de Shawinigan, dans la LHJMQ.

En 2012-2013, Pascal Dupuis a récolté 38 points en 48 matchs. (Charles LeClaire-USA TODAY Sports)

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