(crédit photo: Bernard Brault)

Vous m’avez fait brailler

PARTAGER

J’ai adoré jouer pour les Canadiens de Montréal. Ç’a été un honneur de porter ce chandail et j’ai un amour profond pour les partisans de l’équipe.

Je me suis toujours considéré comme un gars du peuple et quand je portais ce chandail, je le faisais pour tous les Québécois.

Sans dire que c’est un mauvais souvenir au point d’appréhender la date limite des échanges, ça me rappelle quand même à quel point j’ai eu mal de partir de Montréal en 2009.

J’en étais à ma cinquième saison avec l’équipe et les deux premières saisons, ça allait vraiment bien. J’avais la confiance de Claude Julien et ça paraissait sur la glace.

Sans trop savoir pourquoi, j’ai comme été tassé et ma confiance a commencé à être affectée. C’était devenu un running gag dans l’équipe, plus je jouais bien, plus mes chances d’être laissé de côté lors du prochain match étaient grandes.

Je suis passé d’un joueur d’énergie presque indispensable à ne plus faire partie des plans de l’équipe pour le futur. Malgré tout, je n’ai jamais fait de vagues, de déclarations compromettantes ou quoi que ce soit et la raison est bien simple, je tenais à rester à Montréal.

Un matin, après la pratique, Bob Gainey était sur le banc et m’a convoqué dans son bureau. J’étais CERTAIN que c’était pour m’annoncer que j’étais échangé, mais non, c’était pour me demander comme je voyais l’avenir. Est-ce que je voulais jouer dans la ligue américaine? Être échangé?

Pour moi, c’était la dernière option, mais c’est ce qui est arrivé. J’ai quand même apprécié le fait qu’il m’en parle. J’ai moins aimé la suite.

« Tu as cinq minutes pour dire bye aux gars »

Le lendemain, on part pour Philadelphie. L’avion vient de se poser que Pierre Gervais me dit que coach Carbo (Guy Carbonneau) veut me parler. Il me dit que le CH vient de m’échanger aux Stars de Dallas et que j’ai cinq minutes pour aller dire bye aux gars qui sont dans l’autobus.

Je n’ai jamais compris pourquoi ça s’est passé comme ça. C’est CERTAIN que le trade avait été complété avant. Pourquoi ne pas me l’avoir dit pour au moins avoir le temps de dire bye à mes coéquipiers comme il faut? Ça m’a dérangé et le fait que j’étais zéro préparé d’un point de vue logistique.

C’est donc avec un habit, une paire de bas et de bobettes de rechange ainsi que mon shaving kit que j’ai pris l’avion quelques heures plus tard pour Dallas.

Vous m’avez fait brailler

J’arrive à Dallas à temps pour le match du soir et là, si je ne me sentais pas désiré à la fin à Montréal, ç’a été tout le contraire avec les Stars.

Le relationniste de l’équipe tenait à faire une vidéo de moi qui arrive à l’aréna avec ma poche de hockey pour mettre ça sur le jumbotron pendant la game. Je lui ai dit : « Est-ce que tu me connais? Va voir mes statistiques je ne suis pas sûr que tu vas vouloir me montrer à l’écran géant! HAHAHA! ».

Ceux qui me connaissent savent à quel point ce n’est pas mon genre et ça me met mal à l’aise. Mais je n’ai comme pas eu le choix alors…

Vous comprenez que les choses se sont passées très vite alors je n’ai comme pas eu le temps de bien comprendre tout ce qui se passait.

Quelques jours après, Renaud Lavoie est venu à Dallas pour faire un reportage et quand il m’a dit c’était quoi la réaction des partisans des Canadiens quand j’ai été échangé, j’ai pleuré… devant la caméra, devant tout le monde.

D’avoir autant aimé ce monde-là et réaliser à quel point c’était réciproque… wow!

S’il y a une chose que j’ai bien comprise pendant ma carrière d’hockeyeur professionnel, c’est que tu es un numéro et c’est ben correct de même parce que tu sais dans quoi tu t’embarques. Mais la date limite des transactions c’est quand même toujours un peu stressant.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-André Perreault

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

AUTRES

NOUVELLES