Un mois après le début de la saison dans la Ligue américaine, il y a un intrus parmi les meilleures recrues du circuit: Xavier Parent, des Comets d’Utica, le club-école des Devils du New Jersey.
Ne comptez toutefois pas sur lui pour être surpris. Depuis toujours, on a tendance à le sous-estimer, en raison de son petit gabarit. Âgé de 22 ans, il fait maintenant 5’8’’ et 170 lb, « mais joue plus gros », dit-il fièrement.
« Avec la fin de saison et les séries que j’avais eues dans la Ligue américaine, je m’attendais à débuter la saison en force, dit le Lavallois. C’est sûr que je suis un peu surpris de voir que ça va bien à ce point, mais il faut juste continuer dans ce vibe-là. »
Ce vibe lui permet de traîner au sommet des marqueurs des Comets, avec 11 points (5-6) en 10 matchs. Ce rendement lui vaut le quatrième rang chez les recrues de la LAH, derrière Joshua Roy, du Rocket de Laval, Logan Stankoven, des Stars du Texas, et Maxim Groshev, du Crunch de Syracuse.
Trois joueurs qui, contrairement à Parent, ont été repêchés dans la LNH et ont participé deux fois au Championnat mondial junior.
Meilleures recrues de la Ligue américaine
L’UQTR comme plan B
Parent tente de savourer chaque seconde de ce qui lui arrive, car il s’en est fallu de peu pour qu’il poursuive sa carrière dans les rangs universitaires.
« En novembre 2021, au début de ma saison de 20 ans, je me suis engagé envers l’Université de Trois-Rivières, mais je leur avais dit que c’était mon plan B, raconte Parent, qui jouait alors pour le Phoenix de Sherbrooke dans la LHJMQ. Félix Lafrance, qui est un grand ami, a fait la même chose. Ma priorité était quand même d’essayer pro. En janvier 2022, certaines équipes de la Ligue américaine, dont Utica, ont commencé à me parler. Moi, je voulais un contrat de deux ans, pour avoir une certaine sécurité et me donner une vraie chance de me faire voir. Après les séries dans la LHJMQ, Utica m’a offert deux ans et j’étais bien content. »
Parlons-en, justement, de sa saison de 20 ans. Pendant que son coéquipier à Sherbrooke, Joshua Roy, récoltait 119 points, Parent l’imitait en enfilant 51 buts, en route vers 106 points.
Jamais, lors de ses deux saisons précédentes à Sherbrooke, ou ses deux avec les Mooseheads de Halifax, n’avait-il été aussi dominant offensivement.
Son contrat de deux ans avec Utica en poche, Parent s’attendait donc à passer la saison 2022-2023 dans la Ligue américaine. Mais non. Il n’y a disputé que 14 rencontres (six points), jouant surtout dans la ECHL avec le Thunder d’Adirondack, avec qui il a récolté 51 points (23-28) en 50 parties.
Il l’avoue: être cédé dans la ECHL l’a secoué. « C’est sûr qu’avec la saison que j’avais eue dans le junior à 20 ans, je pensais que tout allait tourner en ma faveur, dit l’attaquant gaucher. J’avais en plus eu un bon camp dans la Ligue américaine. Mais j’ai été rayé de la formation lors du premier match de la saison et mon coach m’a dit: ‘Tu sais, ce n’est pas toujours le coach de la Ligue américaine qui prend les décisions.’ Il ne voulait pas non plus me garder à Utica, mais sur la galerie de presse. On m’a donc envoyé dans la ECHL jusqu’à Noël et ensuite, j’ai fait les deux. »
Photo: David Herman
Un gars résilient
Parent n’en était toutefois pas à son premier obstacle. Que ce soit dans le bantam AAA avec les Conquérants des Laurentides, dans le M18AAA avec le Collège Esther-Blondin ou dans la LHJMQ à son arrivée à Halifax, il a dû montrer que son petit gabarit n’allait pas le freiner et qu’il était capable de jouer à ce niveau.
Son passage dans la ECHL a donc « créé une persévérance » et il veut, cette saison, « montrer ce dont je suis capable à Utica, pour voir ensuite ce qui pourrait arriver. »
Il faut dire qu’il est bien parti. Et, aussi, qu’il est bien entouré à Utica, où l’entraîneur-chef Kevin Dineen a une longue expérience dans la LNH comme joueur et entraîneur.
Et signe que les Devils/Comets croient en lui, ils le font jouer en compagnie de Kyle Criscuolo et Justin Dowling, deux vétérans qui totalisent 114 matchs d’expérience dans la LNH et 952 dans la LAH!
« Mon coach aime mon attitude et mon éthique de travail, souligne Parent. Il aime ça parce que l’an passé, je ne me suis jamais plaint et j’ai mangé mes bas, comme il dit. Je travaille fort dans les pratiques et les matchs et je joue plus grand que je suis en réalité. Depuis que je suis jeune qu’on parle de ma grandeur. À Halifax, j’ai changé un peu mon style de jeu avec Éric Veilleux. Il m’a dit: ‘Dans le pro, des gars de talent comme toi, il y en a. Il faut que tu sois celui qui travaille le plus.’ Ça m’a vraiment changé. »
Un futur entraîneur au gym?
Même si ça va bien cette saison, Parent garde la tête froide et sait très bien qu’il ne peut rien prendre pour acquis dans le monde cruel du hockey professionnel.
Voilà pourquoi même s’il est dédié à 100% aux Comets, il étudie aussi à temps partiel.
« L’an dernier, c’était ma première année pro, alors je trouvais ça un peu beaucoup de jouer et d’étudier, avoue-t-il. Si j’étais allé à Trois-Rivières, je serais allé en kinésiologie, mais le cours ne s’offre pas en ligne. Alors, présentement, je suis en train de faire un certificat pour devenir entraîneur. Je vais voir ensuite ce que je fais. Mais juste avec mon certificat, je pourrais travailler dans un gym plus tard si jamais ça ne fonctionne pas au hockey. C’est important d’avoir un plan B. »
Intelligent.