Le choix de John Tavares de quitter les Islanders de New York par l’entremise du marché des joueurs autonomes en 2018 a créé une onde de choc à travers la LNH. L’ajout du capitaine des Isles laissait croire que les Leafs deviendraient des prétendants à la Coupe Stanley, le centre étant considéré comme la pièce manquante pour remporter les grands honneurs pour la première fois depuis 1967. Toutefois, Kyle Dubas, responsable de l’octroi du contrat, n’avait pas anticipé que le salaire annuel de 11 millions $ poserait des problèmes pour les négociations futures avec d’autres vedettes de l’équipe. Dans le nouveau livre de Craig Custance, Dubas a admis qu’il aurait dû prolonger les ententes d’Auston Matthews, Mitch Marner et William Nylander avant de proposer ce pacte à Tavares.
« La plus grande erreur que je pense avoir faite durant tout mon temps ici a été de ne pas m’occuper de ces trois contrats. » – Kyle Dubas
De cette manière, il aurait pu prévenir des problèmes de masse salariale dans le futur tout en se réservant de l’espace pour entourer les joueurs vedettes, chose qu’il n’a pas pu faire aisément avec les contrats exorbitants de ce quatuor. Quelques mois après l’acquisition du numéro 91, Auston Matthews, étoile montante de l’équipe, a conclu un accord de cinq ans d’une valeur de 11,64 millions $ par année. Ce pacte aurait été difficile à obtenir si Tavares ne recevait pas une telle somme. Il était ardu de refuser cette entente au natif de San Ramon, car il était plus performant que le vétéran capitaine.
Comme il l’a admis à Craig Custance, ce qu’il aurait dû faire, étant donné que le plafond salarial n’augmentait pas beaucoup chaque année, c’était de miser sur ses jeunes joueurs avant de signer John Tavares. Il aurait pu leur offrir des contrats avantageux à court terme, mais bénéfiques pour l’équipe à long terme. Les Canucks de Vancouver ont adopté cette stratégie avec Quinn Hughes, les Devils du New Jersey avec Jack Hughes, et les Canadiens de Montréal avec Nick Suzuki, et ces paris portent leurs fruits aujourd’hui. Avec des salaires très raisonnables, ces joueurs sont des piliers en termes de productivité, rendant presque impossible pour leurs coéquipiers de négocier des ententes plus élevées.
Les équipes du circuit choisissent ce type d’approche depuis un peu avant la pandémie pour réaliser des économies à long terme sur des hockeyeurs qui pourraient devenir très coûteux s’ils attendaient avant de les prolonger. Dans le passé, la mentalité était d’offrir un contrat basé sur les performances antérieures de l’athlète, plutôt que sur son potentiel. Malgré son erreur dans le dossier John Tavares, Dubas s’était rattrapé en octroyant un accord à Joseph Woll, adoptant cette approche axée sur le potentiel. Il avait signé le gardien pour trois ans, avec un salaire de 766 000 $ par année, en dépit du fait que Woll n’avait jamais vraiment évolué dans la grande ligue. Cette année, cette stratégie a rapporté des dividendes : il a connu une excellente saison régulière et a été remarquable en éliminatoires, tout cela avec une rémunération inférieure à un million de dollars.
Lorsque les organisations attribuent leurs contrats désormais, les Maple Leafs de Toronto servent souvent d’exemple à éviter en matière de gestion. On espère que le DG aura tiré des leçons de ses erreurs et ne les reproduira pas à Pittsburgh.