« Allo André, c’est Marshall Johnston qui parle. »
À ce moment-là, je me demande pourquoi mon directeur général m’appelle deux semaines avant la date limite des transactions. Ça se passe super vite dans ma tête et je me demande au début s’il veut m’offrir une extension ou quelque chose du genre.
« Je veux commencer par te remercier pour tout ce que tu as fait pour notre équipe, mais je viens de t’échanger au Lightning de Tampa Bay contre Juha Ylönen (le père de l’autre). »
J’étais sous le choc. Pour vous dire à quel point je ne m’y attendais pas.
J’étais dans ma nouvelle maison que je venais d’acheter et je me sentais de plus en plus chez moi à Ottawa. Je venais de signer un nouveau contrat en début de saison et les choses allaient vraiment bien.
Je marquais des buts, j’avais des passes, j’amenais de l’énergie et je défendais mes coéquipiers… tout allait à merveille. Tellement que je me souviens qu’il y avait plein d’articles de journaux sur moi avec des titres genre ROY IS DOING IT ALL et MISTER EVERYTHING. Batinse il y avait des articles sur moi! HAHAHA!
J’ai ressenti un mélange de colère et de tristesse, tellement que j’ai failli pleurer. Je ne peux pas vous dire à quel point je ne m’y attendais pas.
Alors je suis allé chercher ma poche à l’aréna vers 8-9 du soir et je me souviens d’avoir donné une entrevue à Louis Jean devant l’aréna dans laquelle je lui faisais part de mon incompréhension.
Mais bon, ça fait partie de la vie d’un athlète professionnel et je n’avais pas le choix.
La mèche courte à Tampa
En arrivant à Tampa, je capotais. J’ai toujours été un gars qui carburait à la pression et à l’énergie de la foule alors que le Lightning n’était pas dans le portrait des séries et les gradins étaient pas mal vides.
Pour vous donner une idée, les joueurs laissés de côté allaient regarder le match directement dans les estrades et on ne se faisait pas souvent reconnaître. C’était toute une différence avec Ottawa.
J’avoue que du coin de l’œil, je regardais les résultats des Sénateurs et ça me faisait de quoi. Donc, je savais que j’étais affecté, mais pas tant que ça.
Quelques semaines après l’échange, dans un match contre les Rangers, ça brasse un peu et je me retrouve à me chamailler avec le skieur défenseur Vladimir Malakhov. À un moment donné Sandy McCarthy arrive dans le tas rapidement et je me retrouve en plein combat, mais sans avoir pu me préparer adéquatement.
Je ne parais pas super bien et là l’orgueil embarque. Je suis furieux alors je le challenge et j’insiste pour un 2e round. Je quitte le banc des punitions pour aller devant celui des Rangers, mais McCarthy reste là.
Un juge de ligne vient me prendre et dans la bousculade, il tombe sur la glace. Résultat, j’ai l’air fou et je suis suspendu pour un total de 13 matchs.
Ayoye! C’était vraiment épais de ma part et je ne suis pas fier de cet incident, mais j’étais tellement frustré de la situation que tout a déboulé. J’ai fini l’année suspendue.
Finalement, ce n’est pas si pire
Cet échange s’est avéré la plus belle chose qui pouvait m’arriver. J’ai réalisé que le style de vie n’était pas pire pantoute et que d’aller à l’aréna en gougounes, ça avait quand même son charme.
Je voyais les jeunes Richards, St-Louis, Lecavalier et Boyle qui prenaient du gallon et je me disais qu’on allait être pas pire à court terme. On a éventuellement gagné la coupe Stanley…
Finalement c’était un bon trade. 😉
Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-André Perreault