(crédit photo: Scott Rovak)

L’incertitude de mon avenir

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Je vous mentirais si je vous disais que je ne crains pas le futur.

Qui sait ce que ma santé va être dans 10 ou 15 ans. J’essaie toutefois de ne pas trop y penser pour ne pas sombrer dans l’angoisse et l’anxiété.

J’y vais au jour le jour en espérant garder ma qualité de vie le plus longtemps possible et je dois dire que j’ai la chance d’être bien entouré avec ma famille. Juste ça, ça me fait un bien immense.

On entend beaucoup parler du ETC (encéphalopathie traumatique chronique) depuis quelques années et j’avoue que ça me fait un peu peur.

En général, je me sens bien et la santé est bonne, mais parfois, les journées sont un peu plus difficiles. Parfois, j’ai des petites sautes d’humeur, mais ça, ça se passe quand même bien. Le moment le plus difficile, ça été quand ma carrière s’est terminée.  

Comme bien des athlètes, je suis passé par la petite dépression d’après carrière et oui, j’ai peut-être pris quelques rhums and coke de trop dans mon sous-sol en regardant du hockey, mais j’ai été chanceux.

J’ai vite réalisé que prendre quelques verres quatre à cinq fois par semaine seul, c’est un billet aller simple pour les problèmes. Je me suis rapidement replacé et ma deuxième carrière dans le monde des médias m’a beaucoup aidé et me fait encore beaucoup de bien.

Pas juste les bagarres

Évidemment, on pointe du doigt les bagarres au hockey à chaque fois qu’un ancien tough décède. On ne peut contredire la science, mais ça m’agace un peu quand on ne parle que de bagarres.

Il y a un paquet de joueurs (Pat LaFontaine, Marc Savard, Paul Kariya, etc…) qui ne jetaient pas les gants qui ont eu des problèmes reliés aux commotions cérébrales.

Comprenez-moi bien, je sais que les risques de blessures à la tête sont plus « directs » lors de combats, mais reste que le hockey est un sport robuste dans lequel les contacts sont nombreux et ça débute dès un très jeune âge.

Combien de fois des parents d’enfants qui jouent au hockey mineur mes disent que leur enfant a déjà subi une commotion cérébrale…

De mon côté, je me souviens avoir vu des étoiles dans quelques-uns de mes combats et j’ai déjà fait un whiplash, ce qui est considéré comme une commotion.

Je sais que ce n’est pas sain pour un corps et un cerveau de subir autant de chocs pendant autant d’années, mais savez-vous quoi? Je referais EXACTEMENT la même chose!

C’était mon rêve de jouer dans la grosse ligue et j’étais prêt à tout pour y arriver. C’était MA décision. Bien sûr, il y a ce recruteur des Bruins de Boston (qui m’ont repêché en 1994) qui m’a fait comprendre très clairement que j’allais devoir brasser pour faire ma place dans la LNH, mais au bout de la ligne, c’est MOI qui a décidé de le faire.

Une chance de jouer dans la LNH

Une des choses qui me dérangent le plus, c’est quand les gens disent qu’on est chanceux de jouer dans la LNH.

Tu ne te rends pas dans la meilleure ligue de hockey au monde par chance parce que ça prend tellement de sacrifices, d’efforts et dans mon cas, accepter des coups de poings sur le museau pour y accéder.

Oui, il y a parfois le timing, mais tu dois quand même te démarquer pour faire ta place. Alors, entendons-nous pour le terme « privilégié ». 😉

Quand je regarde les Rempe, Deslauriers, Reaves, Olivier, MacDermid et compagnie, je réalise que plusieurs équipes pensent encore que ce type de joueur est important dans une équipe.

Ils ne sont pas là par chance. Je suis persuadé que tous ces gars, comme moi, effectuent leur travail en toute connaissance de cause et qu’il ferait n’importe quoi pour poursuivre leur rêve.

En tout cas je peux vous dire que sans revenir en arrière, je le referais demain matin si j’étais le jeune André Roy de l’époque qui avait l’opportunité de jouer dans la LNH.

Je ne ferai pas l’hypocrite ici. La seule chose que je changerais serait de travailler un peu plus mes skills pour marquer davantage de buts et peut-être m’éviter autant de tapes sur la suce.

J’aurais tellement dû faire comme Sidney Crosby et pratiquer mon lancer, quitte à rembourser une sécheuse à mes parents… 😉

Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-André Perreault

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