Le 8 février, Philippe Boucher a quitté son poste de directeur général des Voltigeurs de Drummondville en raison d’une sévère commotion cérébrale. Quatre mois plus tard, il revient sur le long chemin de croix qui s’en est suivi.
CHRONIQUE AU COEUR DE L’ATHLÈTE
C’était le 2 janvier. J’étais au chalet. Je suis allé chercher la poste, qui est à cinq minutes de marche. Il faisait beau, mais mon entrée de cour était toute glacée. Quand je suis revenu, j’ai ramené la poubelle sur le bord du garage.
Vu qu’il faisait genre zéro, j’étais en espadrilles. J’ai fait un ou deux pas et il y avait un rond de glace caché sous la neige. Mes deux pieds ont parti! Je suis tombé sur le haut du dos, je me suis fêlé une côte et je me suis assommé solide. J’ai perdu connaissance, oui, mais je ne sais pas combien de temps. Pas longtemps, car quand je me suis réveillé, je n’avais pas froid.
Ça a tout pris pour que je me relève. Je me suis mis sur le côté et j’avais vraiment mal aux abdos, comme si je venais d’en faire 2000! Sûrement parce que je les ai contractés pour me retenir.
Je me suis couché le soir et j’avais vraiment mal au cou. J’avais aussi du mal à respirer. J’étais un peu inquiet, car j’avais déjà entendu que certains ne se réveillaient pas au lendemain d’une commotion…
Le lendemain, je voulais aller au bureau. J’avais un arrêt à faire à la pharmacie. Quand je suis arrivé là, les lumières brillantes dans la pharmacie, je me suis mis à mal feeler. J’ai appelé ma thérapeute à Drummond et elle m’a déconseillé de venir.
Le lendemain, on était rendu le 4 janvier, je devais absolument aller au bureau, puisque la date limite des échanges [dans la LHJMQ] était le 6. J’ai poussé fort au travail, puis je suis parti en voyage avec ma fille, c’était déjà prévu.
Quand je suis revenu de voyage, j’étais malade à tous les jours. Mais bon, je me suis dit que j’avais pogné de quoi à Punta Cana. J’ai fini par aller voir un spécialiste et il m’a confirmé que tout ce que je vivais depuis deux semaines était dû à ma commotion. J’avais aussi vraiment mal au cou.
Il a fallu que j’entraîne mes yeux et que je recommence à m’entraîner le corps, même si j’étais souvent malade. Encore aujourd’hui, quatre mois plus tard, si j’allais voir un match de tennis assis dans le centre, d’après moi, je serais malade en cinq minutes! Faire gauche-droite rapidement, c’est encore difficile.
En janvier, je feelais vraiment pas. J’ai fait de la radio avec JiC le matin pendant un mois et demi et je n’aurais pas dû en faire. J’étais malade tous les matins! À un moment donné, j’ai dit à mon boss chez les Voltigeurs [Stéphane Leblanc] que ça ne feelait pas pantoute. Il m’a dit de prendre 10 jours pour me reposer. Pour être capable de faire de la télé le soir, je devais me coucher quatre fois par jour!
Ma commotion et le temps à la maison m’ont permis de réfléchir [à mon avenir], moi qui allais avoir 50 ans [le 24 mars]. Je ne me voyais pas demander un autre congé aux Voltigeurs. Ça ne se fait pas au hockey.
J’aurais aimé amener le club à terme, mais j’ai trouvé les dernières années difficiles, avec la COVID. Je n’avais plus de plaisir. Je pensais que ça allait repartir cette saison et que j’allais avoir du fun, mais avec la situation de [l’entraîneur-chef] Steve Hartley, ce n’était pas cool. Je me suis battu longtemps pour le garder et on est arrivé à un point ou c’était mieux de le laisser aller [le 16 novembre]. Ça a rendu ma saison moins le fun. J’ai donc décidé d’arrêter et je ne le regrette pas.
J’ai parlé à du monde autour de moi qui a fait des grosses commotions comme moi, notamment Kevin Dubé [Journal de Québec] et Daphnée Malboeuf [BPM Sports]. Eux aussi ont encore de la misère avec certaines choses, des mois et des mois plus tard. Alors, ça me rassure dans un sens.
Ma physio m’a notamment conseillé de repousser mes limites. Que si j’ai mal au coeur après cinq minutes de vélo, eh bien d’en faire plus jusqu’à temps que j’aille mieux. J’avais de la misère à me dépasser avec mes yeux, car c’est plate être malade. Mais pour l’entraînement, elle avait raison. Quand je poussais au travers, c’est là que je me suis mis à mieux feeler.
Encore aujourd’hui, quand je joue au golf, quand je mets ma balle sur le tee, il ne faut pas qu’elle tombe par terre parce que je deviens étourdi si je reste penché trop longtemps. Attacher mes souliers, je ne me penche pas longtemps et je mets mon pied assez haut juste pour être certain que je vais être correct.
Il y a certaines petites affaires que je ne suis pas sûr si ça va revenir. J’ai toujours eu une excellente mémoire et là, des fois, je trouve qu’il m’en manque des bouts.
Ça va mieux, mais si j’étais un joueur de hockey, je ne serais pas encore capable de revenir au jeu. Mais dans la vie de tous les jours, ça va beaucoup mieux. J’ai essayé, en janvier, de faire comme si je n’avais pas de commotion, mais j’ai frappé un mur en février et mars. Ça a été tough.
Quand j’étais DG des Voltigeurs, l’entente avec mon boss était que je partais en vacances avant Noël cinq jours avec mes chums et après Noël en famille, après la date limite des échanges. Mais là, je viens de m’acheter une maison en Floride. Je ne sais pas quand ça va me tenter d’y aller. Je ne sais pas quand je vais aller voir mon gars [Matthew] jouer. S’il s’en va jouer en Europe un jour, je veux pouvoir y aller quand je veux.
Oui, il y a des bouts du hockey junior qui vont me manquer. Comme là, avec le repêchage qui s’en vient en fin de semaine, ça me manque. Même chose quand je regardais la coupe Memorial. Mais rendu à 50 ans, pas sûr que ça va me manquer au point d’y retourner.
Je fais de la télé et de la radio, je suis impliqué dans une couple de projets à gauche et à droite, l’important, c’est de se tenir occupé. En tant qu’ancien joueur ou dirigeant, je suis habitué à ce que ça bouge. Je ne suis pas du genre à rester chez nous à rien faire. Là, je joue au golf trois fois par semaine. Peut-être que rendu à l’automne, le hockey va me manquer. Mais je ne ressens par l’urgence de revenir. Pour l’instant, ma priorité, c’est ma santé.