Le 24 juin 2021, Phillip Danault marquait les esprits en souhait « Bonne Saint-Jean » aux partisans du Canadien en mangeant une pointe de pizza, après la victoire contre les Golden Knights qui envoyait le CH en finale de la Coupe Stanley.
Un mois plus tard, Danault décidait de quitter Montréal pour accepter un contrat de 6 ans et 33 M$ avec les Kings de Los Angeles.
Deux ans plus tard, quel regard porte-t-il sur son séjour de cinq ans et demi à Montréal? Et sur son départ? Comment va sa vie à L.A.?
Il répond à ces questions dans une sorte de « players’ tribune », dans un texte signé au « je »:
« J’ai peine à croire que j’ai quitté Montréal il y a déjà deux ans. Je voulais tourner la page assez vite et ça s’est vraiment bien passé. Tout de suite, quand je suis arrivé ici, je suis devenu une pièce importante de l’organisation. Les Kings croyaient beaucoup en moi et je l’ai senti dès le début. Avant de signer ici, ils m’avaient promis des choses et ils ont tenu parole. Ils sont vraiment sur la coche et ils m’ont rapidement mis en confiance.
J’adore ma vie à Los Angeles. La plupart des joueurs, on vit à Manhattan Beach, Hermosa Beach ou Redondo Beach. Souvent, quand on a une journée de congé, on va à la plage. On fait aussi beaucoup de vélo et on se promène en kart de golf. On a le droit ici, sauf sur les autoroutes. On se croirait dans un gigantesque camping! La vie familiale est super. Les days off sont extraordinaires, il y a presque toujours du soleil.
Mon garçon, Phillip-Édouard, a quatre ans et demi et ma fille, Adélia-Rose, un an et demi. Ils sont encore jeunes. Alors, quand on a une journée de congé, on fait des activités pas mal plus pour eux que pour nous. Ils ne sont pas très Dodgers, mettons!
On est à 40 minutes de Disney, alors on y va de temps en temps. Legoland est proche aussi, et c’est vraiment fantastique. San Diego est à 1h45 d’autoroute. Le zoo est super. Ici, vraiment, il y a des activités à n’en pu finir! On n’a même pas eu le temps de tout faire et je ne crois pas qu’on va avoir le temps non plus.
Le beat de vie de la Californie nous permet de décrocher assez vite après une défaite ou une mauvaise performance. Mais en même temps, on reste des compétiteurs. Tu veux produire, tu veux donner ton 100%. Je me demandais d’ailleurs, en arrivant à Los Angeles, si j’allais perdre un peu mon côté compétiteur. Mais pas du tout. Peu importe où tu joues, c’est fâchant de perdre, mais c’est sûr que tu passes plus vite à autre chose quand tu vois le soleil et la plage à chaque jour.
On a vraiment un groupe de gars tight. Je m’entends bien avec tout le monde, notamment Trevor Moore, Adrian Kempe et Pierre-Luc Dubois, depuis qu’il est arrivé.
C’est vraiment le fun de pouvoir parler français avec PLD. Je ne l’avais pas perdu, mais c’est quand même le fun de pouvoir l’entretenir. En plus, on est voisin de casiers au complexe d’entraînement.
C’est vraiment une bonne acquisition pour nous. Je ne le connaissais pas beaucoup avant son arrivée. L’été, il s’entraîne à Montréal et moi, à Québec. Je l’avais croisé l’an dernier, à la F1, et il m’avait dit: « Hey, vous autres, il va vous manquer un centre dans pas long! ». Finalement, c’est devenu réalité. Il a bel et bien abouti à Los Angeles et on en avait besoin.
L.A., c’est bien différent de Montréal en terme d’attention médiatique. Ici, je crois qu’on est la cinquième équipe la plus couverte. Le monde vient à notre match, puis change de chandail si ça n’a pas bien été. Ça ne fera pas la Une du journal le lendemain. Il y a d’autres choses à couvrir, entre autres le basket, le football et le baseball. Il y a aussi des célébrités. D’ailleurs, quelques-unes viennent à nos matchs. Bref, on n’est vraiment pas l’attraction principale.
J’aime ça, car c’est plus facile décrocher. Mais d’un autre côté, le côté passionné à Montréal, c’est vraiment incroyable. Je suis né là-dedans, je viens de Victoriaville. Le hockey, c’était religieux chez-nous, alors j’ai toujours compris la passion des partisans du Canadien. Mais j’aime ça ici voir l’autre côté de la médaille, décrocher, vivre ma vie tranquille avec ma famille, ne pas avoir peur de sortir si on joue moins bien… ici, on passe vraiment incognito. C’est très, très rare que je me fais reconnaître.
Deux ans plus tard, je suis vraiment serein par rapport à mes années à Montréal. J’ai fait le plus que je pouvais faire. J’ai toujours voulu aider mon équipe à gagner la coupe Stanley et on y est presque arrivé, en 2021. Je crois juste que mon temps à Montréal était fini.
Des fois, tu ne décides pas de tout. C’est une business. Une porte se ferme et une autre s’ouvre, et tu peux exploiter ton jeu d’une autre façon. Pour moi, ça a vraiment été bénéfique.
Honnêtement, il n’y a rien que j’aime moins à Los Angeles comparativement à Montréal. Rien, pas même le voyagement. Oui, quand on part, on part plus longtemps, souvent des sept jours. Mais quand on revient, on peut passer deux semaines à domicile. Ça revient au même au final, mais t’es juste moins souvent dans tes bagages.
À Montréal, la rivalité contre Boston est dure à battre. Ici, nos plus grands rivaux, ce sont les Oilers, en raison de nos récents affrontements en séries. Je trippe à jouer contre Connor McDavid et Leon Draisaitl! Mais tu ne peux pas dormir une seconde contre eux, ils trouvent toujours le moyen de te faire mal. C’est entre autres pour ça qu’on est allé chercher Pierre-Luc Dubois: pour avoir plus de munitions contre eux.
J’adore aussi aller jouer à Vegas. L’Arizona, j’ai l’impression que ça pourrait être le fun, mais en raison de leur aréna, c’pas le fun pantoute! Anaheim et San Jose sont proches aussi, mais ils ont de la misère depuis quelques années, alors il n’y a pas vraiment de rivalité.
Chaque année, je pense à la coupe Stanley. Mais cette année, j’ai décidé d’y aller avec une optique différente. Je veux apprendre et devenir meilleur à chaque jour. Sinon, l’échec, ou le fait de ne pas réussir, est trop gros et ça fait mal. Une équipe sur 32 gagne la coupe…
Kobe Bryant a déjà qu’il se concentrait à apprendre à chaque jour et que c’est comme ça qu’il restait dans le moment présent. Et il a réussi à atteindre ses buts et à gagner le championnat cinq fois. J’espère, un jour, gagner moi aussi.
On verra. Entre-temps, merci pour tout Montréal. On se voit le 7 décembre, au Centre Bell. »
- Phillip