Stéphane Julien (gracieuseté des Griffins de Grand Rapids)

L’aventure américaine de Stéphane Julien

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Après 11 saisons avec le Phoenix de Sherbrooke, dont sept comme entraîneur-chef, Stéphane Julien a décidé de faire le saut chez les professionnels, l’été dernier.

La Poche Bleue a contacté le nouvel entraîneur adjoint des Griffins de Grand Rapids, le club-école des Red Wings, pour savoir comment se passaient ses premiers mois dans la Ligue américaine.

« Super bien, répond sans hésiter l’homme de 49 ans. On a une jeune équipe. On aimerait avoir de meilleurs résultats [9-12-4], mais on savait en début de saison que ça allait être difficile, avec plusieurs recrues dans l’alignement. Mais on progresse et on aime ce qu’on voit des jeunes. J’adore l’expérience, je suis bien traité. Les Red Wings sont une organisation de première classe. »

Parmi ces recrues se trouvent Marco Kasper et Carter Mazur, deux des meilleurs espoirs des Red Wings en attaque. Il y a aussi le défenseur William Wallinder et le gardien de but Sebastian Cossa.

Simon Edvinsson, un défenseur format géant de 6’6’’ repêché au sixième rang en 2021, en est quant à lui à sa deuxième saison dans la LAH. On vous en parle dans un autre texte.

Malgré le début de saison difficile des Griffins, Julien ne regrette en rien sa décision d’avoir quitté le Phoenix. « Pas du tout. C’était très réfléchi. En 2022, j’avais eu des discussions, mais je sentais que j’avais encore des choses à faire avec le Phoenix. Des fois, tu dois attendre que la fenêtre s’ouvre de la bonne façon. Les Wings m’ont directement appelé. J’avais le sentiment qu’ils avaient fait leurs devoirs. Ils voulaient changer la culture et amener de nouveaux visages à Grand Rapids. Ça a tout de suite cliqué. Et à date, je n’ai rien à dire. »

Des entrevues « impressionnantes »

Julien raconte ensuite comment s’est déroulé la processus d’embauche. « C’est Shawn Horcoff [le directeur général des Griffins] qui m’a appelé, précise-t-il. Au départ, c’était pour le poste en chef. J’ai passé quatre entrevues avec Steve Yzerman [DG des Red Wings], Kris Draper [DG adjoint] et Horcoff, et c’est arrivé deux fois que Nicklas Lidstrom [VP des opérations hockey] soit là. Écoute, c’était un peu impressionnant! Je me disais: ‘Coudonc, je suis-tu en train de vivre ça?’ Yzerman et Lidstrom étaient parmi mes joueurs favoris! Mais ils ont démontré beaucoup de respect et ils sont tous un peu comme Steve, soit calmes et réfléchis. Ils m’ont vraiment mis à l’aise rapidement. »

« Ce n’était pas des questions écrites, poursuit Julien. On se parlait pendant deux à trois heures de toutes sortes de choses. J’ai trouvé ça complètement différent des autres entrevues que j’avais déjà passées, où c’était plus cartésien. C’était vraiment intéressant. »

Steve Yzerman a souvent été associé à Hockey Canada. Il a fait aller ses contacts là-bas et plusieurs d’entre eux lui ont suggéré le nom de Julien, qui a déjà travaillé avec l’équipe canadienne U-17, U-18 et U-20, gagnant notamment la médaille d’or au plus récent Championnat mondial junior, comme entraîneur adjoint.

Gagner le respect des vétérans

Malgré ses bonnes références et sa feuille de route impressionnante à Sherbrooke, Julien a été devancé par Dan Watson pour le poste d’entraîneur-chef des Griffins.

Pas tant surprenant, puisque Watson était déjà dans la famille, lui qui dirigeait le club-école dans la ECHL, le Walleye de Toledo, depuis 2016.

« J’ai une très bonne relation avec l’entraîneur-chef, et ce, depuis le départ, mentionne Julien. Je n’aurais pas accepté l’offre des Red Wings si j’avais pensé que lui et moi ça n’aurait pas bien été. On a les mêmes ambitions, on veut établir la même culture, on voit les mêmes choses sur la glace. »

Si Julien a rapidement su créer des liens avec Watson, ce ne fut pas le cas avec certains vétérans des Griffins. Et il ne leur en tient pas rigueur.

Sans son épouse à Grand Rapids

Julien a décidé de faire le saut dans la Ligue américaine même s’il savait que cela impliquait de laisser son épouse, Isabelle, derrière lui à Sherbrooke. Ses deux enfants, eux, « sont dans la vingtaine et n’ont plus besoin de papa », dit-il en riant.

« Ma femme vient aux trois semaines environ. Montréal-Detroit, ça se fait super bien en avion. Je vais la chercher à Detroit, qui est à 2h30 de route d’ici. Elle travaille pour la Fondation de l’Hôpital de Sherbrooke [CHUS] et peut travailler à distance. De toute façon, dans notre division, on voyage pas mal. Donc, même si elle était ici, je ne la verrais pas souvent! »

La vie d’entraîneur professionnel étant ce qu’elle est, Julien n’a pas beaucoup de temps pour jouer au touriste. Detroit, comme il le dit, n’est pas très loin de Grand Rapids, tout comme Chicago (2h45), en Illinois, considérée comme l’une des plus belles villes des États-Unis. 

Julien dit néanmoins passer du bon temps au Michigan. « J’ai passé un mois à Detroit lors du camp d’entraînement, note-t-il. On est aussi allé à Traverse City pour le camp des recrues. J’ai eu le temps d’en profiter un peu. Detroit, c’est une belle ville, mais il y a des coins un peu plus dangereux qu’à Sherbrooke, disons! Les Red Wings et les Tigers, au baseball, ont les même propriétaires, alors je suis allé au baseball quelques fois. Je suis bien impressionné par Grand Rapids. C’est environ 200 000 habitants et le centre-ville est vraiment sharp. On a de bons partisans et on joue devant de bonnes foules. »

Et qu’est-ce qu’il y a à faire à Grand Rapids? « C’est reconnu pour ses microbrasseries, alors, pas le choix de les essayer », répond-il en riant.

Beau futur à Detroit

La modération a bien meilleur goût, Stéphane. Sauf quand vient le temps d’avoir de bons jeunes joueurs, ce que les Red Wings ont. 

L’équipe n’a pas fait les séries depuis 2017, elle qui ne les avait pas ratées de 1991 à 2016, remportant notamment la coupe Stanley en 1997, 1998, 2002 et 2008.

Steve Yzerman veut faire des Red Wings une puissance à nouveau, comme quand il était leur capitaine. Et pour ce faire, il aura besoin que ses jeunes joueurs se développent à la hauteur de leur potentiel.

Stéphane Julien aura son mot à dire là-dedans.

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