On a profité de l’entretien avec Karl Subban sur son nouveau livre pour lui parler de P.K., qui a surpris tout le monde il y a un an en annonçant sa retraite de la LNH, à seulement 33 ans.
Comment le paternel a-t-il accueilli la nouvelle et comment analyse-t-il la situation, un an plus tard?
« Je vis bien avec ça car lui, il vit bien avec ça, philosophe papa Subban. Laisse-moi te parler des transitions, car dans la vie, les transitions ne sont pas toujours faciles. P.K. est parti à la retraite comme si de rien n’était. Mais souviens-toi ce qu’il avait dit lors d’un discours à l’Hôpital pour enfants de Montréal. Il était assis aux côtés de Madame Béliveau et il a dit: ‘Je ne veux pas qu’on se souvienne de moi comme un hockeyeur. Je veux qu’on se souvienne de moi comme un homme qui a joué au hockey.’ Son état d’esprit l’a aidé dans sa transition. »
Karl Subban avoue néanmoins que ça lui a fait bizarre de ne pas suivre les péripéties sur la glace de P.K., la saison dernière.
« Comme père, je l’ai vu comme joueur de hockey presque toute sa vie. Donc, en septembre dernier, c’était la première fois en près de 30 ans qu’il ne jouait pas pour une équipe! J’ai mis du temps à m’habituer. Mais tu sais quoi? Nos vies sont pas que des vies de hockey. Et P.K. le sait. Est-ce qu’il s’ennuie du hockey? Oui, bien sûr. Mais il sait aussi qu’il doit regarder en avant et qu’il y autre chose dans sa vie. Il nous a montré comment jouer et avoir du plaisir, et là, il nous montre comment quitter le hockey et continuer d’avoir du plaisir. »
La carrière de P.K.
P.K. Subban a été repêché par le Canadien au deuxième tour, avec le 43e choix au total, en 2007.
Trois ans plus tard, il disputait ses deux premiers matchs réguliers avec le Canadien, avant de se faire un nom lors des fameuses séries du printemps Halak.
La saison suivante marquait le début d’un beau périple de six ans avec le Tricolore, marqué notamment par une saison de 60 points, deux de 50 et un trophée Norris, en 2012-2013.
À l’été 2016, Subban était échangé à Nashville en retour de Shea Weber. Il a connu trois bonnes saisons avec les Predators, avant de prendre la direction du New Jersey, où sa carrière a commencé à piquer du nez.
Il a finalement annoncé sa retraite le 20 septembre 2022, après 834 matchs dans la LNH (467 points). Et près de 80 millions de beaux dollars américains.
Ses meilleurs souvenirs à Montréal
Quels souvenirs Karl Subban garde-t-il du passage de son spectaculaire fils à Montréal?
« Ce n’est pas tant P.K. sur la glace… Je marchais sur la rue Sainte-Catherine et les gens me reconnaissaient! Ou encore, quand j’ai amené mon père, qui a grandi en Jamaïque, à un match de séries. Mon père est sorti de l’hôtel tout près du Centre Bell avec un chandail Subban sur le dos. Et là, on a vu une mer de monde, et plusieurs d’entre eux portaient un chandail Subban. À ce moment, je me suis demandé à quoi mon père pensait. [pause] Tu ne peux jamais rêver à un moment pareil et c’est vraiment difficile à décrire.
« P.K. a compté plusieurs beaux buts à Montréal, ajoute Karl. Il a été repêché par mon équipe préférée. C’était un rêve pour moi, et pour lui. Mais ce sont ces petits moments spéciaux dont je me souviens le plus. Aussi, comment les Montréalais nous ont traité, comment P.K. s’est lié d’affectation avec Monsieur et Madame Béliveau. Notre relation avec Montréal va bien au-delà du hockey. »
Montréal, comme en Europe
Karl s’enflamme ensuite en parlant de Montréal et, surtout, des partisans du CH. Pas de doute, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre!
« J’adore la culture québécoise, j’adore comment les gens sont passionnés, car je suis moi-même un passionné. Leur amour pour le Canadien est tellement grand, on partage ça ensemble. […] Une fois, je déjeunais au restaurant. Je ne regardais même pas mon assiette, car j’étais trop occupé à regarder les gens marcher dehors. J’aimais comment ils étaient habillés et je me sentais comme en Europe! »
Évidemment, depuis le départ de P.K. pour Nashville, il y a sept ans, Karl vient moins souvent à Montréal. Mais il se fait néanmoins un devoir de venir y faire un tour de temps en temps.
« Encore aujourd’hui, quand je vais à Montréal, quand les gens reconnaissent mon nom, ils viennent me parler avec enthousiasme. Ils te font sentir comme si tu faisais partie de la famille. Et il n’y a pas de meilleur sentiment… »
Aucunement amer, plutôt reconnaissant
Vous comprendrez que Karl Subban n’est aucunement amer de la fin du séjour de P.K. à Montréal. Zéro.
Aurait-il aimé que P.K. reste plus longtemps à Montréal? Oui. Même qu’il y passe toute sa carrière? Oui.
Mais 434 matchs sous le maillot tricolore, ce n’est pas rien. Et au-delà des parties, il y a ces innombrables souvenirs et moments.
« Écoute-moi bien, dit-il pour capter notre attention. Karl Subban, le petit gars de la Jamaïque, est arrivé ici à 12 ans et est tombé en amour avec Ken Dryden et le Canadien de Montréal. Son fils a été repêché par le Canadien et est devenu un nom bien connu à travers le Canada et le monde du hockey. Les Habs lui ont fait réaliser son rêve de jeunesse et l’ont rendu riche. Et tu voudrais peut-être que je sois amer? Come on [rires]. Dans la vie, tu choisis ta façon de voir les choses. Comme père de P.K., de quoi pourrais-je me plaindre? Rien! Je suis juste fier. À tout jamais, je vais aimer le Canadien et lui être reconnaissant d’avoir donné une opportunité à mon fils. »