Quand un joueur se fait envoyer dans la East Coast League (ECHL), c’est souvent l’équivalent de recevoir une tape sua yeule.
C’est probablement ce que Brandon Gignac a ressenti quand les Devils du New Jersey l’ont envoyé avec les Icemen de Jacksonville lors de la saison 2020-21. C’est encore pire quand tu as goûté à la LNH. Quand Gignac va affronter les Capitals à Washington mardi, ça va faire 1795 jours depuis son 1er et seul match dans la LNH. Pratiquement 5 ans. C’est une éternité!
Le plus le fun là-dedans, c’est que son rappel est pleinement mérité. Ça démontre une force de caractère incroyable de la part du jeune. Quand ça ne va pas bien, c’est TA décision de faire les bonnes choses pour revenir en haut.
Ce qui est aussi le fun, c’est que l’organisation a démontré dans les dernières années qu’elle est prête à donner la chance aux jeunes d’ici, presqu’en priorité. On l’a vu avec Alex Belzile, Rafaël Harvey-Pinard et Anthony Richard l’an passé et on le voit avec Gignac cette année. Les 4 ont quelque chose en commun et c’est qu’ils le méritent.
Je ne sais pas si Martin St Louis utilise ces gars-là comme exemple, mais ils sont la preuve que si tu travailles, l’organisation va te récompenser.
On s’entend, ça aurait été facile pour Gignac de s’apitoyer sur son sort mais comme il a si bien dit, c’est très difficile de battre quelqu’un qui n’abandonne jamais.
Je l’ai vécu
Je me souviens d’avoir reçu ma claque au visage à ma 3e année pro. J’avais joué 5 matchs avec les Flames de Calgary avant d’être retourné avec les Foreurs de Val-d’Or. L’année suivante, j’avais un poste à perdre dans ma tête. Mais j’ai eu la brillante idée (pas tant brillant) de cacher aux Flames une entorse à la cheville. Alors que j’aurais dû être dans le plâtre pour encore 2 semaines, j’ai sauté sur la glace pour le camp. Les Flames étaient furieux contre moi et ils m’ont puni (ils me l’ont dit) en m’envoyant dans les mineurs.
L’année suivante au camp, je n’ai même pas eu le temps de jouer un match hors-concours avant de me faire « shipper » en bas. Pour faire une histoire courte, les choses ont dégénéré au point où plus personne dans l’organisation, ou à peu près, ne me parlait et j’avais de moins en moins de responsabilités. C’était ma 3e année pro. C’était une catastrophe.
Un moment donné, je me suis regardé dans le miroir, je me suis botté le cul et j’ai éventuellement été nommé joueur le plus utile dans les séries. J’ai finalement joué 524 matchs dans la LNH.
Je ne suis pas meilleur qu’un autre, loin de là. Mais je regarde mon parcours et je regarde celui de Belzile, Harvey-Pinard et maintenant Brandon Gignac et j’espère que ces gars-là réalisent que ce qu’ils ont vécu et les efforts supplémentaires qu’ils ont dû mettre pour arriver (ou revenir) dans la LNH valent la peine.
Soyons chauvins et fiers. Ce sont des gars de chez nous. Des gars qui, comme moi, ont mangé des tapes dans la face, maintenant, c’est le temps des tapes dans le dos.
Cet article a été rédigé en collaboration avec Marc-André Perreault